15 poissons à observer en snorkeling dans les Canaries (et à Madère)

De Lanzarote à El Hierro, en passant par Tenerife et Gran Canaria, les sept îles des Canaries regorgent de plages et de criques propices à l’observation des fonds marins. Situées en face du Maroc, les eaux subtropicales de l’archipel espagnol possèdent une biodiversité riche avec notamment plusieurs espèces endémiques.

Avec des côtes fortement exposées à la houle et aux vagues, les îles des Canaries sont plus réputées pour leurs spots de surf que pour l’exploration des eaux côtières. Cependant, il est tout à fait possible d’enfiler le masque dans des criques bien protégées, des piscines naturelles et certaines plages situées dans le sud.

Îles Canaries

D’origine volcanique, la plupart des îles sont caractérisées par des paysages lunaires arides. La végétation est généralement peu abondante, exceptée dans les zones d’altitude de La Palma, d’El Hierro et de La Gomera, dans le nord de Tenerife et dans les reliefs de Gran Canaria.

À l’opposé, les paysages aquatiques possèdent une biodiversité végétale et animale riche. On compte un certain nombre de réserves maritimes protégées, dont la plus vaste d’Europe située à La Graciosa, au nord de Lanzarote. El Hierro, l’île la plus difficile d’accès et la plus sauvage, est connue pour ses fonds escarpés grandioses. La réserve de La Restinga, dans le sud de l’île, attire chaque année des plongeurs du monde entier.

Comme en Méditerranée, la plupart des poissons s’observent plus facilement dans les zones rocheuses. Certaines espèces emblématiques, comme les anges de mer ou les anguilles des jardins, sont elles seulement visibles dans les zones sableuses.

Si vous êtes habitués au snorkeling en Méditerranée, vous remarquerez quelques similitudes parmi les espèces rencontrées. Vous retrouverez les saupes, les marbrés ou les mérous communs. Les ressemblances sont encore plus frappantes avec les eaux méditerranéennes les plus au sud, comme les côtes siciliennes. C’est le cas par exemple pour les poissons-perroquets (S. cretense) et les rasons (X. novacula).

Quelques conseils avant de partir en exploration

– Les eaux des Canaries ont une température quasiment constante tout au long de l’année. Oscillant entre 18 et 24°C, il est conseillé de s’équiper d’une combinaison si vous êtes frileux.

– Avant de partir en exploration, jetez un œil aux conditions météorologiques, en particulier au niveau des vagues. Même en zone protégée, si les eaux ont été remuées récemment, la visibilité peut être mauvaise. Évitez également de vous aventurer proche des rochers en zone ouverte si les vagues sont fortes.

– La plupart des îles possèdent des piscines naturelles généralement hermétiques aux courants et vagues océaniques. Ces lieux sont parfaits pour explorer la vie aquatique. On y trouve parfois des espèces traditionnellement rencontrées à de plus grandes profondeurs. Des jeunes, isolés lors de forte marée, finissent par grandir dans ces écosystèmes atypiques.

La plupart des espèces qui vont suivre ne présentent aucun danger et peuvent être observées avec des enfants. Attention seulement aux rascasses et vives, qui peuvent causer des blessures venimeuses. Il convient de rester à distance en cas de rencontre. Les risques de piqûre sont cependant moins importants qu’au cours d’une simple baignade. Globalement, on retrouve dans les Canaries la plupart des espèces venimeuses de Méditerranée.

Les individus vivant tout au bord sont souvent des juvéniles, les adultes se rencontreront plutôt à quelques mètres de profondeur dans des eaux plus éloignées des zones de baignade. Pour optimiser vos chances d’apercevoir un grand nombre d’espèces, nous vous conseillons de suivre nos cinq astuces Snorkeling.

Si vous pêchez, renseignez-vous sur la taille des animaux matures, en particulier chez les carnassiers qui ont une croissance lente. Plusieurs espèces de labres ont quasiment disparu des côtes de Macaronésie.

La demoiselle des Canaries (Similiparma lurida)

Demoiselle des Canaries – S. lurida – Fuerteventura © F. Libert

En Bref

La demoiselle des Canaries est présente dans l’océan Atlantique Est subtropical. Les adultes sont caractériels et défendent leurs territoires, en particulier en période de reproduction. Le corps est bleu foncé virant au brun. Les nageoires sont bleues avec des liserés turquoises sur les nageoires anale et la dorsale.

Où l’observer ?

Les jeunes se rencontrent en petits groupes ou en solitaire dans les premiers mètres d’eau. Ils semblent apprécier les eaux plus calmes. Adultes et jeunes vivent dans les zones rocheuses. En snorkeling, vous aurez toutes les chances de voir des bancs d’adultes en longeant les parois rocheuses de quelques mètres de hauteur.

La demoiselle des Açores (Chromis limbata)

Demoiselle des Açores – C. limbata – Fuerteventura © F. Libert

En Bref

Cette cousine de la castagnole est facilement identifiable à son corps brun clair et sa nageoire caudale bleuâtre et noire. Les nageoires dorsale et anale sont bleutées et se termine par une bande noire. De petite taille, ce poisson omnivore réalise des nids en période de reproduction.

Où l’observer ?

Plus difficile à observer que la demoiselle des Canaries, cette espèce fréquente les zones rocheuses à des profondeurs allant de quelques mètres à une quarantaine de mètres. Il faudra légèrement descendre en apnée pour les apercevoir à proximité des parois.

La girelle paon (Thalassoma pavo)

Girelle paon (Thalassoma pavo) – Corse © B. Chartrer

En Bref

Présente également dans les eaux chaudes de Méditerranée, la girelle paon est sans conteste le poisson multicolore le plus facile à observer aux Canaries. Tout au long de sa croissance, ce petit labre carnivore change de couleur, passe par différentes teintes allant du vert fluo et turquoise au rouge et à l’orangé.

Où l’observer ?

Il est observable dès le premier mètre de profondeur dans toutes les zones rocheuses, avec faible ou fort courant. Très actifs, les adultes sont généralement solitaires. Les jeunes et juvéniles peuvent constituer de grands groupes. Si vous remuez légèrement le fond, vous aurez toutes les chances de les observer de près dans la zone agitée.

Le poisson rason (Xyrichtys novacula)

Rason – Fuerteventura © F. Libert

En Bref

Ce très joli labre de forme allongé possède généralement de nombreux motifs et rayures émeraudes à turquoises. Le corps verdâtre à orangé et la tête compressée permettent une identification facile. Ce chasseur de mollusques est d’ordinaire solitaire.

Où l’observer ?

Pour le débusquer, il faudra là encore mettre la tête sous l’eau. Les rasons réalisent des nids dans les fonds sablonneux, à proximité des herbiers et zones rocheuses. Ils sont très communs dans ces zones au-delà de trois mètres de profondeur.

Le mérou commun (Epinephelus marginatus)

Mérou commun – Epinephelus marginatus © X. Beiro

En Bref

Emblématique de Méditerranée, ce grand mérou est commun dans les Canaries, à Madère et dans les Açores. Les jeunes sont identifiables à leurs tâches jaunâtres. Ils vivent en solitaire ou en petit groupe dans les cavités. Les adultes sont bruns avec des nageoires dorsales épineuses bien visibles.

Où l’observer ?

Les petits individus peuvent être aperçus dans les zones rocheuses, à proximité de grottes ou d’anfractuosités. Les plus grands individus, pouvant atteindre deux mètres, se rencontrent plus en profondeur. Ils font partie des animaux recherchés par les plongeurs.

Le mérou des îles (Mycteroperca fusca)

Mérou des îles – Tenerife © M. Sealey

En Bref

Plus petit que le mérou précédent, le mérou des îles est endémique à la Macaronésie. Ce prédateur rare est considéré comme vulnérable par l’IUCN. Il est facilement reconnaissable à son corps brun foncé ponctué de tâches irrégulières argentées.

Où l’observer ?

Bien que peu abondant dans la plupart de l’aire de répartition, il reste possible d’apercevoir des jeunes en snorkeling. C’est en particulier le cas dans les aires protégées et dans les piscines naturelles. Ces poissons vivent à proximité du fond, dans les zones rocheuses.

Le perroquet de méditerranée (Sparisoma cretense)

Poisson perroquet de Méditerranée – Fuerteventura © F. Libert

En Bref

D’ordinaire, on rencontre les poissons perroquets dans les eaux tropicales de tous les océans. Une espèce s’est adaptée aux eaux subtropicales de l’Atlantique Est et aux eaux chaudes de Méditerranée : le Sparisoma cretense. Les femelles sont plus colorées, avec un corps rouge ponctué de deux tâches. Les mâles sont grisâtres et les juvéniles bruns.

Où l’observer ?

Ce poisson perroquet ne sera pas difficile à débusquer ! Il suffira d’approcher les zones rocheuses où il cherche sa nourriture. Les jeunes et femelles sont visibles dès les premiers mètres tandis que les grands mâles peuvent se trouver plus profond.

La grande vive (Trachinus draco)

Grande vive © X.S. Costa

Bref

Pour se camoufler de ses proies, la grande vive passe la plupart de son temps cachée dans le sable, ne laissant dépasser que sa tête. C’est un poisson solitaire, qui vit exclusivement dans les sols meubles. Bien que venimeuse, elle a tendance à fuir en cas d’humain à proximité.

Où l’observer ?

Elle est présente dès le bord des plages, d’où ses piqûres communes parmi les baigneurs. Vous pourrez l’observer en nageant au-dessus des bancs de sable. En cas de rencontre, n’essayez pas peur de l’approcher. Inutile non plus de paniquer, elle restera à proximité du sable et ne viendra jamais vous attaquer.

L’ange de mer (Squatina squatina)

Ange de mer – Tenerife © M. Sealey

En bref

En danger critique d’extinction, ce poisson à l’aspect mi-requin, mi-raie, est l’espèce emblématique des Canaries. Largement surpêché dans toute la Méditerranée, il a quasiment disparu de régions où il était autrefois très commun, comme à Nice où il a donné le nom « la baie des anges ».

Où l’observer ?

L’ange de mer réside dans les fonds sableux où il s’enterre pour chasser ses proies. Les juvéniles sont très difficiles à repérer mais les adultes laissent de larges traces qui trahissent leur présence. Vous pouvez avoir la chance de le croiser à partir de trois mètres de profondeur, en particulier en période hivernale, saison durant laquelle les adultes se rapprochent des côtes.

Le poisson trompette (Aulostomus strigosus)

Poisson trompette Atlantique – El Hierro © B. Chartrer

En bref

Avec leur long museau et leur queue caractéristique, les poissons trompettes sont les animaux les plus faciles à identifier des eaux des Canaries. Les adultes chassent en solitaire ou en groupe dans les eaux côtières. Malgré ses 75 centimètres à l’âge adulte, ces poissons restent bien moins étudiés que leurs cousins des eaux tropicales.

Où l’observer ?

Certaines zones possèdent une étonnante densité de poissons trompettes. Ils sont très communs dans les zones protégées, à El Hierro par exemple, ou dans les criques difficiles d’accès. Pour être sûr d’en croiser, privilégiez les fonds rocheux avec une pente lente.

La rascasse de Madère (Scorpaena maderensis)

Rascasse de Madère – Lanzarote © B. Chartrer

En bref

Les îles Canaries comptent plusieurs espèces de rascasse, dont une endémique, Scorpaena canariensis. Les rascasses sont des prédateurs solitaires qui passent la plupart du temps cachées parmi les rochers et la végétation. Une fois repérées, elles sont faciles à identifier à leur teinte rougeâtre à brunâtre.

Où l’observer ?

Pour rencontrer une rascasse, il vous faudra explorer les zones rocheuses en vous focalisant sur les creux entre différents substrats (rochers, herbiers, sable…). C’est dans ces interstices ou posés dans une anfractuosité que résident la plupart du temps ces poissons discrets.

Le poisson ballon de Macronésie (Canthigaster capistrata)

Poisson ballon de Macronésie – Fuerteventura © F. Libert

En bref

Les poissons ballons sont d’ordinaire d’affinité tropicale. Une espèce endémique à la Macaronésie s’est cependant développée dans ces archipels. Mal connu, ce petit poisson solitaire se nourrit de divers organismes aquatiques comme les éponges, les crustacés, les mollusques ou encore les vers marins.

Où l’observer ?

Il n’est pas commun dans toutes les eaux. Cependant, ses populations peuvent être denses dans les criques bien préservées et les aires protégées. Pour l’apercevoir, il faudra se concentrer sur les zones sableuses entre les rochers. Il peut être aperçu à très faible profondeur, souvent non loin du fond.

Le poisson globe marbré (Sphoeroides marmoratus)

Poisson globe marbré – Gran Canaria © S. Chatel

En bref

Le poisson globe marbré ne manquera pas de vous surprendre. Et pour cause, peu farouche, il peut chasser mollusques et crustacés à quelques centimètres des baigneurs. Comme ses congénères, il est capable de se gonfler en cas de menace et passe sa vie en solitaire.

Où l’observer ?

Un peu partout. Des individus seuls parcourent les zones rocheuses et sablonneuses (non loin des récifs) en quête de nourriture. Il faudra cependant faire preuve de patience pour repérer votre premier spécimen car ses couleurs le rendent difficile à repérer parmi la végétation.

La blennie atlantique (Ophioblennius atlanticus)

Blennie atlantique juvénile – Tenerife © B. Chartrer

En bref

C’est le poisson le plus facile à observer dès les premiers pas en zone rocheuse. Solitaire, cette blennie se rencontre sur la côte africaine du Sénégal au Maroc et dans les îles océaniques Atlantique. Elle est exclusivement herbivore, se nourrissant d’algues incrustées dans les rochers. Les adultes sont bruns à rougeâtre foncé, tandis que les jeunes possèdent des motifs jaunâtres et un point noir à côté de l’œil.

Où l’observer ?

Jeunes et adultes vivent à faible profondeur dans zones rocheuses et les récifs coralliens. Bien qu’observables dans des eaux calmes, ces blennies sont plus nombreuses à proximité des bords agités. Il est facile de les apercevoir du bord quand la nage n’est pas possible à cause des vagues.

Blennie de roche  (Parablennius parvicornis)

Parablennius parvicornis – Lanzarote © B. Chartrer

En bref

Comme la précédente, cette blennie est commune dans toutes les eaux côtières de l’Atlantique Est subtropical. Les mâles solitaires défendent leur territoire et courtisent les femelles en période de reproduction. Ils sont également connus pour apporter des soins aux œufs jusqu’à l’éclosion.

Où l’observer ?

Cette espèce réside à proximité des rochers, dans les zones d’algues, ou au-dessus des graviers. Ces poissons préfèrent les eaux bien exposées au soleil avec une forte densité de végétation. Ils peuvent être nombreux dans les piscines naturelles et criques abritées.


Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive. On compte de nombreux gobies et blennies dans les premiers mètres d’eau. Les sars et autres sparidés constituent également une grande partie de la biodiversité des eaux de Macaronésie. Plusieurs espèces de murène et de congre peuplent les grottes et cavités des zones rocheuses. Sur les fonds sableux, il est facile d’apercevoir des poissons plats, comme les rombous du genre Bothus. Enfin, les zones sombres des récifs rocheux regorgent de poissons discrets comme les poissons cardinaux.

Outre les poissons, on compte de nombreux mollusques dont les poulpes, les seiches et les calmars. Il est également fréquent d’apercevoir différents types de crabes, dont les curieux crabes flèche.

Dans les piscines naturelles bien isolées, vous pourrez observer des vers marins, de nombreuses espèces d’anémone mais aussi des étoiles de mer, des oursins ou encore des concombres de mer. Si vous êtes chanceux, vous pourrez même repérer quelques éponges, dont celles à tube jaune du genre Aplysina.

Anémone – Lanzarote © B. Chartrer
Vers marin – Gran Canaria © B. Chartrer
Crabes plat des oursins – Gran Canaria © B. Chartrer
Éponge à tube jaune – Lanzarote © B. Chartrer

Comme pour vos sorties aquatiques en méditerranée, nous vous conseillons de tenir un petit cahier ou de vous munir d’un appareil photo aquatique (Olympus TG 6…) pour développer vos connaissances en faune aquatique. Le snorkeling est une activité pédagogique gratuite, accessible à tous et vous offrira à chaque sortie l’occasion de nouvelles rencontres dans ces mondes aquatiques.

Pour aller plus loin et découvrir d’autres poissons des Canaries, rendez-vous ici.

Rédaction : Benoit Chartrer

A propos de l'auteur

Benoit Chartrer fait partie des membres du projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.

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