Qui sont les animaux marins les plus venimeux d’Australie ?

L’Australie est connue pour héberger des animaux parmi les plus dangereux du monde. Dans l’eau, si les risques liés à la présence de grands prédateurs comme les requins ou les crocodiles sont avérés, ce sont en fait les animaux venimeux qui sont la cause du plus grand nombre d’accidents. Qui sont ces animaux ? Quels sont les effets de leur venin ? Comment limiter les risques d’accidents ? Après la Méditerranée et les Antilles, nous poursuivons ici notre série sur ces animaux aux airs parfois inoffensifs.

L’Australie est une île-continent de la taille de l’Europe, marquée par une variété de climats : de tropical au nord à tempéré au sud, en passant par sub-tropical et désertique. Les types d’animaux venimeux rencontrés le long des 30 000 km de côtes varient en fonction de la zone climatique. Où que l’on soit, il est possible d’être blessé par l’une de ces espèces.

D’après les statistiques officielles du pays, chaque année 400 hospitalisations pour envenimation par des animaux marins sont dénombrées, soit environ 9% du total des envenimations. Méduses, poissons-pierres, rascasses et pastenagues représentent plus de la moitié des cas. Le nombre de décès constaté est cependant inférieur à 1 par an.

Pour plonger et se baigner en toute sécurité, il est recommandé d’identifier les espèces venimeuses présentes dans une zone, de connaître les précautions à prendre en cas de rencontre avec elles, ainsi que les premiers gestes à prodiguer. Ces derniers varient selon l’animal, nous avons donc choisi de les détailler pour chaque espèce.

La dangerosité des espèces a été estimée en fonction de leur toxicité, de la probabilité d’interaction avec elles, de leur camouflage, de la portée de leurs attaques et de leur agressivité.

Cette combinaison de facteurs rend certaines espèces moins dangereuses que d’autres. Pour autant, elles possèdent toutes un venin très toxique et elles comptent parmi les espèces les plus mortelles du monde marin pour l’Homme.

Les cubo-méduses

Box jellyfish, C. fleckeri @ Wikicommons
Dangerosité
Milieu de vie Eaux côtières en zones tropicales
Profondeur 0 à 5 mètres
Occurrence Fréquente à faible profondeur
Type d’attaque Contact avec les tentacules
Type de venin Neurotoxines
Taille max 30 cm
Statuts IUCN Non évaluée

Espèce : Chironex fleckeri

Précisions

La « box jelly fish » est une cubo-méduse fréquente dans les eaux tropicales côtières durant les mois d’été austral (novembre à mars). Elle y trouve les crustacés dont elle se nourrit. Il est très difficile de la repérer dans l’eau car elle est quasiment transparente. De plus, si la taille de son corps n’est que de 30 cm, ses tentacules venimeux peuvent mesurer jusqu’à 3 mètres.

Le venin contenu dans les nématocystes le long de ses tentacules est extrêmement toxique et peut provoquer la mort d’un Homme en quelques minutes, dans les cas d’envenimation les plus graves. On dénombre pas moins d’une soixantaine de décès depuis la fin du XIXe siècle.

Pendant la période où elles viennent se nourrir et grandir près des côtes, le meilleur moyen d’éviter les piqûres est de ne pas se baigner, de porter des combinaisons en lycra protectrices ou alors de rester dans les zones de baignade protégées par des filets anti-méduses.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Verser abondement du vinaigre sur la plaie et les tentacules
  • Prévenir les secours
  • Immobiliser la victime
  • Surveiller son rythme cardiaque et sa respiration
  • Être prêt à pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire si nécessaire.

Le poisson-pierre

S. verrucosa, poisson-pierre © François Libert
Dangerosité
Milieu de vie Fonds de récifs coralliens
Profondeur 0 à 30 mètres
Occurrence Fréquente
Type d’attaque Épines venimeuses
Type de venin Neurotoxines
Taille max 40 cm
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Synanceia verrucosa, Synanceia horrida 

Précisions

Le poisson-pierre (Synanceia verrucosa) est le poisson le plus venimeux au monde connu à ce jour. En cas de piqûre, une douleur intense se fait ressentir et se propage dans tout le membre touché, suivi d’un gonflement de la plaie. Dans les cas sévères, les effets de la neurotoxine apparaissent : faiblesse musculaire, paralysie, choc, voire décès.

Le poisson-pierre est présent à faible profondeur et c’est un as du camouflage. Immobile sur le fond, il se confond parfaitement avec son environnement.

Une autre espèce du genre se rencontre en Australie : Synanceia horrida. Ce poisson-pierre vit dans les estuaires. Lui aussi est un as du camouflage et son venin est tout aussi toxique.

Le venin de ces poissons est thermolabile : ses effets disparaissent lorsqu’il est chauffé.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours
  • Immobiliser la victime
  • Nettoyer la plaie
  • Immerger le membre touché dans de l’eau chaude (40 à 55° C) pendant au moins 30 minutes
  • Si la blessure est trop profonde, cette action sera moins efficace

La raie à queue courte

B. brevicaudata, raie à queue courte © John Turnbull
Dangerosité
Milieu de vie Côtes et estuaires d’eaux tempérées
Profondeur 0 à 200 mètres
Occurrence Rare à faible profondeur
Type d’attaque Coup de fouet avec le dard venimeux situé sur la queue
Type de venin Neurotoxines
Taille max 4,3 m
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Bathytoshia brevicaudata

Précisions

La raie à queue courte est la plus grande des pastenagues. Elle vit sur des fonds sableux, dans des baies, ou près de côtes rocheuses.

Lorsqu’elle est approchée, elle soulève sa queue à la façon d’un scorpion, en signe de prévention. Son dard venimeux, situé sur le milieu de la queue, peut causer de sévères blessures et dans les cas les plus extrêmes, la mort.

La profondeur et la localisation de la plaie créée par le dard est une source de danger additionnelle. En cas de blessure au niveau de la poitrine ou de l’abdomen, il convient d’emmener la victime à l’hôpital pour vérifier l’absence de lésions internes graves.

Le venin de ce poisson est thermolabile : ses effets disparaissent lorsqu’il est chauffé.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours
  • Immobiliser la victime
  • Nettoyer la plaie
  • Immerger le membre touché dans de l’eau chaude (40 à 55° C) pendant au moins 30 minutes
  • Si la blessure est trop profonde, cette action sera moins efficace

La rascasse volante

P. volitans, rascasse volante © François Libert
Dangerosité
Milieu de vie Récifs coralliens, zones rocheuses
Profondeur 2 à 50 mètres
Occurrence Fréquente
Type d’attaque Épines venimeuses
Type de venin Neurotoxines
Taille max 46 cm
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Pterois volitans

Précisions

Cette rascasse volante est présente dans la zone Indo-Pacifique ainsi que sur les côtes ouest-australiennes. Ce poisson vit caché près de rochers et peut constituer un risque pour des plongeurs qui s’approcheraient trop près. Dans ces cas, la rascasse ne prend pas la fuite mais dresse ses rayons épineux et venimeux. Elle en a 13 sur les nageoires dorsales, 1 sur la nageoire pelvienne et 3 sur la nageoire anale.

Le venin de ce poisson est thermolabile : ses effets disparaissent lorsqu’il est chauffé.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours
  • Immobiliser la victime
  • Nettoyer la plaie
  • Immerger le membre touché dans de l’eau chaude (40 à 55° C) pendant au moins 30 minutes
  • Si la blessure est trop profonde, cette action sera moins efficace

La rascasse rouge est-australienne

S. jacksoniensis , rascasse est-australienne © John Turnbull
Dangerosité
Milieu de vie Récifs côtiers rocheux
Profondeur 1 à 73 mètres
Occurrence Fréquente
Type d’attaque Épines venimeuses
Type de venin Neurotoxines
Taille max 33,7 cm
Statuts IUCN Non évaluée

Espèce : Scorpaena jacksoniensis 

Précisions

Cette rascasse est endémique à l’Australie. Présente sur la côte Est, du Sud du Queensland à l’État de Victoria au Sud.

Comme ses congénères présentes dans le reste du monde cette rascasse passe ses journées camouflée dans les rochers. Ses coloris, sa forme et ses lambeaux de peau en forme d’algues la rendent quasiment invisible dans son environnement.

Les épines venimeuses sont présentes sur la plupart des nageoires. Discrète, elle se trouve souvent sur le fond, à proximité d’éponges et de rochers, couverte d’algues et parfaitement camouflée. La piqûre provoque une plaie profonde et une douleur intense de type brûlure qui peut engendrer une syncope ou une paralysie temporaire du membre touché.

Le venin de ce poisson est thermolabile : ses effets disparaissent lorsqu’il est chauffé.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours
  • Immobiliser la victime
  • Nettoyer la plaie
  • Immerger le membre touché dans de l’eau chaude (40 à 55° C) pendant au moins 30 minutes
  • Si la blessure est trop profonde, cette action sera moins efficace

Les pieuvres à anneaux bleus

Grande pieuvre à anneaux bleusH. lunulata @ Bernd Hoppe
Dangerosité
Milieu de vie Côtes rocheuses intertidales
Profondeur 1 à 50 mètres
Occurrence Fréquente à faible profondeur
Type d’attaque Morsure
Type de venin Neurotoxines
Taille max 20 cm
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Hapalochlaena spp.

Précisions

Les trois espèces de pieuvres à anneaux bleus sont de petite taille, mais possèdent un venin capable de provoquer la mort de plusieurs adultes. Ces as du camouflage sont de couleur beige avec des anneaux ou lignes foncés qui deviennent bleu vif quand l’animal se sent menacé.

Cet animal peut être rencontré près de rochers, dans des eaux peu profondes. Timide, il prendra le plus souvent la fuite, ce qui rend les probabilités de morsure très faibles. Cependant s’il est manipulé, il se défend. Quelques minutes après la morsure indolore, les premiers signes apparaissent (picotements des lèvres et de la langue) et peuvent aller jusqu’à une paralysie des muscles respiratoires.

Seuls trois décès ont été recensés dans le monde, dont deux en Australie. En cas de prise en charge médicale, les effets paralysant du venin mettent 1 à 2 jours à disparaître, durée pendant laquelle le sujet reste conscient.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours pour mener la personne à l’hôpital le plus proche
  • Appliquer un bandage sur le membre touché par la technique de pression et immobilisation
  • Surveiller la respiration de la victime
  • Si la personne perd conscience ou arrête de respirer, pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire.

Les cônes

Cône textile, C. textile @ Bernd Hoppe
Dangerosité
Milieu de vie Fond sableux, sous des rochers
Profondeur 1 à 20 mètres
Occurrence Fréquent à faible profondeur
Type d’attaque Morsure par extension d’une dent envenimée
Type de venin Neurotoxines
Taille max 12 cm
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Conus geographus, Conus textile

Précisions

Parmi toutes les espèces de cônes marins, les cônes géographes et textiles sont ceux dont le venin est le plus toxique. Ce dernier contient une neurotoxine aux propriétés paralysantes. Cela permet à l’animal de capturer et immobiliser rapidement ses proies. Le cône géographe serait responsable d’une douzaine de décès dans le monde au moins.

Pour autant, les attaques n’ont lieu qu’en cas de manipulation. La meilleure attitude à adopter en cas de rencontre est donc de les laisser sur le fond, de ne pas les toucher.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours pour mener la personne à l’hôpital le plus proche
  • Appliquer un bandage sur le membre touché par la technique de pression et immobilisation
  • Surveiller la respiration de la victime
  • Si la personne perd conscience ou arrête de respirer, pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire.

Tetractenos glaber (« Smooth toadfish »)

T. hamiltoni, une espèce proche du genre « Common toadfish » © John Turnbull
Dangerosité
Milieu de vie Fonds sableux de baies et estuaires
Profondeur 0 à 20 mètres
Occurrence Fréquente localement
Type d’attaque Chair toxique
Type de venin Neurotoxines
Taille max 15 cm
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Tetractenos glaber

Précisions

Cette espèce de poisson-ballon est endémique au sud-est de l’Australie, de la Nouvelle Galles du Sud à la Tasmanie. Ce poisson appartient à la famille des Tetraodontidae qui comprend plusieurs espèces venimeuses.

La tétrodotoxine présente dans plusieurs organes internes et la peau rendent ce poisson hautement toxique et non consommable. Cette puissante neurotoxine a des effets paralysants et peut provoquer la mort dans la moitié des cas d’envenimation. Une centaine de décès seraient dénombrés dans le monde chaque année. En Australie, les cas sont très limités ce qui peut s’expliquer par une bonne reconnaissance des animaux dangereux. Le risque existe cependant toujours pour les enfants : en 2002 un garçon près de Sydney est décédé suite à la consommation de ce poisson.

Le serpent marin jaune et noir

H. platurus, Serpent marin jaune © Wikimedia
Dangerosité
Milieu de vie Pleine mer
Profondeur 2 à 50 mètres
Occurrence Rare
Type d’attaque Morsure
Type de venin Neurotoxines, Miotoxines
Taille max 1,13 m
Statuts IUCN Préoccupation mineure

Espèce : Hydrophis platurus

Précisions

Ce serpent marin vit en pleine mer, près de la surface. Suite à des tempêtes, il peut cependant arriver proche des côtes, dans des eaux peu profondes, ou bien s’échouer sur une plage.

Comme tous les serpents marins, ce serpent jaune et noir est venimeux. Ses crochets sont courts et en cas de morsure peu de venin est injecté. Mais celui-ci est particulièrement toxique avec comme effets des douleurs musculaires, des somnolences et nausées. Dans les cas sévères, la mort par paralysie.

Fort heureusement, les rencontres avec cet animal sont rares et aucun décès n’a été répertorié en Australie. En cas de rencontre avec cet animal, mieux vaut ne pas le toucher et prévenir des services spécialisés pour qu’il soit remis à l’eau sans risque.

Que faire en cas de piqûre ?

  • Isoler la victime du danger et la sortir rapidement de l’eau
  • Prévenir les secours pour mener la personne à l’hôpital le plus proche
  • Appliquer un bandage sur le membre touché par la technique de pression et immobilisation
  • Si la personne perd conscience ou arrête de respirer, pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire.

Cette liste d’animaux est non-exhaustive et d’autres dangers existent. Certains échinodermes dotés d’épines sont parfois venimeux, comme par exemple l’étoile de mer « couronne du Christ » (Acanthaster planci) ou les oursins de feu. Du côté des grands prédateurs, crocodiles marins et requins au tempérament parfois agressif (Carcharhinus leucas) peuplent aussi les eaux australiennes.

Dans tous les cas, la meilleure façon de se protéger est de respecter les consignes de sécurité et de ne pas importuner les animaux dans leur milieu naturel. Ces gestes simples permettent de limiter les blessures et de cohabiter en toute sérénité.

A propos de l'auteur

Julie travaille dans le secteur culturel à Paris. Ses autres sujets de prédilection sont l'environnement, l'alimentation et la consommation responsable. Au sein de l'équipe Fishipedia, elle est en charge de la rédaction d'articles.

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