Characidés : les premiers colonisateurs des Amériques ?

La famille des Characidae appartient à l’ordre des Characiformes, qui compte également des familles cousines telles que les
Gasteropelecidae (poissons-hachettes) et les Lebiasinidae (poissons-crayons). C’est la quatrième famille la plus fournie après les Cyprinidae, les Cichlidae et les Gobiidae. De nombreuses espèces initialement présentes dans les Characidae, telles que les imposants Pacus, ont intégré récemment une nouvelle famille : les Serrasalmidae.

Les Characidae sont réparties en quinzaine de sous-familles pour environ 150 genres. L’ensemble des espèces est réparti en zone inter-tropicale continentale, du sud du Texas au nord de la Patagonie. Les piranhas amazoniens potentiellement dangereux (Serrasalmus et Pygocentrus) ont des caractéristiques très proches des Characidae, famille dans laquelle ils étaient initialement répertoriés.

L’université de Californie dénombre 1.063 espèces décrites dont plus de 200 découvertes durant ces 10 dernières années.

Les poissons de cette famille peuvent mesurer de 50 mm à une dizaine de centimètres. Cependant, la majorité d’entre eux n’excède pas 3 centimètres.

Ce sont des poissons très appréciés par les aquariophiles pour leur comportement grégaire et pour la diversité de leurs
couleurs. Ils sont communément appelés ‘tétra’ par les adeptes du hobby. Cependant, au Brésil, la population les
surnomme ‘Lambaris’ ou ‘Piabas’.

Moenkhausia cosmops

Moenkhausia cosmops © Jérôme Picard / Challet Herault

Des espèces sont encore découvertes chaque année, en particulier dans certaines régions reculées de la forêt équatoriale. En 2014, une nouvelle espèce d’Astyanax (A. douradilho) a par exemple été découverte dans le Rio Paraguaçu au Brésil. On continue également à découvrir des espèces en Guyane française.

Les espèces les plus populaires appartiennent aux genres Hemigrammus (néon rose, nez rouge, feux-de-position) et Hyphessobrycon (néon noir, cœur saignant, tétra citron). Les fameux cardinalis et néons rouges appartiennent également à cette famille.

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Hemigrammus bleheri © Peter Maguire

Les Characidae sont des poissons écailleux grégaires au régime alimentaire varié. En milieu naturel, ils se regroupent et forment des bancs denses parfois de plusieurs centaines d’individus de manière à se protéger des prédateurs.

Ecosystème

Ils ont colonisé de nombreux biotopes, s’implantant dans des niches écologiques variées, parfois extrêmes, à l’image des Astyanax mexicanus, une espèce cavernicole mexicaine. Ils peuplent des zones marginales à forte végétation (aquatique ou riveraine). On les retrouve régulièrement en zone inondée.

La majorité de ces poissons vit dans des eaux douces, aussi bien dans des zones marécageuses que dans des rivières voire sur les rives des fleuves. Ils se rencontrent à faible profondeur dans des eaux chaudes à tendance -acide (pH entre 5 et 6.5).

Le Characidae, un prédateur…

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Néon rose / H. erythrozonus © Peter Maguire

Tous les Characidae peuvent être considérés, à des degrés divers, comme des prédateurs. L’une des caractéristiques principales de cette famille est de posséder une forte dentition. Cette dernière caractéristique diffère toutefois grandement en fonction des espèces et constitue l’un des critères pour l’élaboration des taxons. Ils constituent un maillon fondamental de la chaîne alimentaire en convertissant une grande partie de la biomasse disponible (algues, insectes, larves) en protéine. Certains se nourrissent exclusivement de petits invertébrés.

Mais également une proie…

Ils constituent de plus la nourriture de base d’un grand nombre d’espèces plus imposantes comme les Cichla, les Crenicichla ou encore les Astronotus. D’autres Characiformes ainsi que des Siluriformes s’en nourrissent également.

Le corps des Characidae est modérément allongé, plus ou moins comprimé. La tête est osseuse et n’est pas recouverte d’écailles.

Peu d’espèces de Characidae ont actuellement pu être reproduites en captivité. Ces espèces sont souvent inféodées à des biotopes localisés avec des conditions climatiques et environnementales très spécifiques. De plus les jeunes alevins sont généralement minuscules et difficiles à nourrir. La majorité des Characidae pondent en pleine eau. Les œufs tombent sur le sol ou dans la végétation. Si les géniteurs ne les dévorent pas immédiatement après la ponte, ils sont laissés à l’abandon.

Amérique centrale

Entre le Mexique et le Panama évoluent plusieurs espèces de Characidae dont plusieurs espèces du genre Astyanax (Astyanax aeneus, Astyanax altior, Astyanax angustifrons, Astyanax fasciatus…).

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Astyanax fasciatus © Robert Allgayer

Les espèces cavernicoles de cette famille vivent également dans ces régions (Astyanax jordani, Astyanax mexicanus).

Au Mexique et au Bélize, on rencontre l’Hyphessobrycon compressus.

Au Honduras et au Costa Rica, l’Hyphessobrycon tortuguerae évolue dans des biotopes voisins des Parachromis
et de certains Poecilia.

Les espèces de Characidae d’Amérique centrale restent peu connues et mal documentées. Il est probable que de nouvelles descriptions soient réalisées dans les prochaines années.

Amérique du sud

C’est en Amérique du sud qu’on rencontre le plus grand nombre d’espèces. Certaines, comme les cardinalis, sont largement diffusées sur toute la partie tropicale du continent. Cependant la majorité des espèces sont endémiques à des bassins bien
spécifiques.

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Paracheirodon axelrodi © Peter Maguire

En Colombie, on rencontre le tétra de Colombie et le fameux tétra empereur (Nematobrycon palmeri). Dans le Rio Méta, une espèce de nez rouge évolue avec les Mikrogeophagus ramirezi.

De nombreuses espèces évoluent au Venezuela, en particulier dans le bassin de l’Orénoque. On rencontre par exemple les cardinalis et leurs cousins les simulans.

En Guyane française évoluent les néons roses, endémiques au bassin de l’Essequibo.

L’ensemble du bassin amazonien compte des dizaines d’espèces de tétra et autre characins, parmi lesquels les feux-de-positions, les veuves noires ou encore les néons rouges. Le plus rare Hyphessobrycon pyrrhonotus est quand à lui endémique au bassin du Rio Negro, on le rencontre entre autre dans le Rio Ereré au Brésil.

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Hyphessobrycon eques © Peter Maguire

Au Pérou, on peut rencontrer l’Hyphessobrycon peruvianus, endémique à la partie supérieure du bassin amazonien.

Peu d’études sur l’état de santé des populations de Characidae semblent avoir été réalisées à ce jour. A ce jour, l’International Union for Conservation of Nature a classé 4 espèces comme ‘vulnérable’ et une en ‘danger’, le Gymnocharacinus bergii, endémique au nord de la Patagonie.

Les Characidae constituent une famille passionnante, facile à maintenir et intéressante à observer. A conseiller à tout débutant à la pratique de l’aquariophilie!

Pour les autres, vous pourrez peut-être profiter de leur ‘grignotage’ sans danger en mettant un jour vos pieds sur les bords du Rio Négro!

A propos de l'auteur

Benoit Chartrer fait partie des membres du projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.

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